26 décembre, 11h45,
Après avoir longé la côte sur une route toute de corniche constituée, nous voila au restaurant, dans le village de Néves, l'adresse incontournable, dans tous les guides, pour déguster le crabe local.
Un cadre très, trop, rustique, et c'est un minimum minimaliste de le dire, on rame à l'imaginer.
Autour d'une place, au cœur du village, faisant office de décharge municipale, se repartissent des habitations essentiellement des cabanes en bois sur pilotis dans un style bidonville assez avancé. Quelques rares maisons coloniales délabrés à étages peinent à égayer l'ensemble.
Au milieu de la place, quelques autochtones viennent à espaces régulier déverser leurs déchets domestiques et autres bouteilles de bière, effrayant au passage la dizaine de porcs et autant de chèvres festoyant dans ces immondices et participant grandement à la douce symphonie olfactive du lieu.
Des enfants passent en jouant, certains s'arrêtent quelques instants, écartant leur short/jupe et urinent debout pour repartir rejoindre rapidement leur camarades, d'autres s'accroupissent pour déféquer sur la dite place, cherchant de leur main une pierre, un morceau de bouteille plastique, comble du luxe, un bout de papier, afin de parachever leur œuvre et repartent en courant.
S'en est trop pour moi, l'odeur âcre des déjections animales (!) mêlés à tout ce que le petit monde gravitant sur et autour de cette place nous renvoie comme image, c'est indécent.
Non pas que je veuille me voiler la face sur la réalité quotidienne de la misère humaine, mais ce voyeurisme, cette mise en scène, nous, arrivant en 4x4 rutilant pour manger des crabes avec vue sur cour, c'est trop.
Un Desprosges aurait conclu : "salaud de pauvres, ils nous gâchent nos crabes",
c'est pas faux,
je n'ai rien mangé.
27 décembre,
Nous sommes finalement revenus à la capitale, à la civilisation (!).
Décidément, nos vacances africaines ne nous réussissent pas, aujourd'hui le plus grand nous gratifie d'un 40,2° de fièvre..... Docteur, test palu, pharmacie, la routine....
Maintenant que nous voila véhiculés, nous allons rayonner de Sao Tomé city.
Pendant que le convalescent reprend des forces supervisé en cela par la mère supérieure, après midi snorkelling à Lagoa azul avec le deuxième, qui lui ne s’arrête qu'en moyenne 7 heures sur 24, le temps de sa nuit, et ce n'est pas beaucoup plus reposant....
Bref nous voila donc dans cette magnifique crique isolée, armé de masque et tuba, une eau turquoise, des baobabs sur la plage, des milliers de poissons directement sortis d'un aquarium de carte postale un bien joli spectacle.
Retour par une des plus grandes plantation de l'ile, la roça Agostinho Netto, tout un village aux bâtiments coloniaux œuvrant plus ou moins tous pour la (les) plantation(s), cacao, café essentiellement.
Ici aussi, arrivée en 4x4, forcement nous ne passons pas inaperçus, je vois dans les yeux des gamins un mélange d'envie et de rejet, le même que j'avais dans mon enfance quand débarquaient dans ma cambrouse pour les vacances les parisiens avec la dernière Renault 16 TL full options (à l'époque on disait plutôt toutes options !), antenne électrique, radio cassette auto reverse, le nec plus ultra des seventies pour ne citer que du matériel !
Je ne suis pas à l'aise pour apprécier le lieux à sa juste valeur et ne souhaite pas davantage y rester pour m'en imprégner.
Comment échanger d'égal à égal dans ces conditions ?
Entre êtres humains ?
Mais il y a, la encore, des choses plus graves que les états d’âme d'un (fortuné) touriste dans un pays en voie de développement.
29 décembre,
Départ pour le grand sud, la route sinueuse mais en plutôt bon état traverse quelques villages épars et nous offre en quasi permanence un point de vue assez exceptionnel sur la forêt la montagne et la mer.
Quelques curiosités assez remarquables et toujours un peu le même "accueil" lors des traversés de villages, pas de quoi un article sur l'invention du fil à couper l'eau chaude ....
Et puis, un peu par hasard, un peu par le bouche à oreilles, nous nous arrêtons à Sao Joa dos Angolares dans la roça San Joa reconverti en
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La vue sur la baie de Sao Joa de la Roça |
restaurant et hébergement pour touristes.
Le chef, Carlos Silva (un artiste, cuisinier voyageur) internationalement reconnu (vu à la télé !) nous accueille et sera aux manettes aujourd'hui, nous avons visiblement de la chance et son succès n'est pas usurpé.
Ils méritent (la chef et sa roça) vraiment le détour, et à eux seul justifient le voyage.
Soirée à la capitale, le grand va mieux et tient à skater quelques spots repérés auparavant. Je prend de quoi dessiner et, en avant Guingamp, nous voila autour de la cathédrale, à coté du palais présidentiel, chacun dans son activité. Un très bon accueil de la part de la population, il faut dire que nous assurons le spectacle, même la garde républicaine est venu à notre rencontre. Un peu inquiet au départ, une méfiance toute naturelle à la vue d'une meute de 5 ou 6 bérets rouges armés de kalachnikov s'approchant d'un pas décidé !!
Mais que nenni, point belliqueux ils étaient, juste une saine curiosité.
Il existe des situations plus inquiétantes ......