Tous les dessins, croquis et aquarelles figurant dans ces pages, sauf mention contraire, sont réalisés exclusivement sur le motif avec parfois, pour des raisons climatiques ou temporelles, des finitions en atelier.
La plupart sont sur carnet, quelques uns sur papier libre et dans les deux cas ils ne sont pas libres de droit, merci de me demander l'autorisation de reproduction.

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vendredi 31 octobre 2014

Samedi 25 octobre 
09h00
Terrasse de Pelisson

Je retrouve avec plaisir le charme paisible et colonial du lieu au centre ville de cette chère capitale, pour la première fois depuis près de deux mois.

Fraichement arrivés de ce qui aurait du être un touristique et culturel voyage dans le Fernan Vaz, la plus belle lagune du Gabon, mais......

Mais voila, l'imprévu a de nouveau frappé, habituellement je serais plutôt enclin à le rechercher, ici cela devient vite fatiguant de le trouver si rapidement.


-flashback-

Départ le lundi 20 à 10h00, rendez vous sur le port, à port Molle pour les connaisseurs.

Nous attendons, sous un ciel peu engageant, assis, avec pour sièges nos sacs de voyages posés à même le quai, sur la rade de Lbv, Libreville pour les non initiés, face à l'estuaire.
La navette maritime pour Port Gentil, POG pour les intimes, a du retard. Un catamaran à turbines, rutilant, fraichement repeint, propre et spacieux, qui, quatre heures plus loin nous déposera, à l'heure et indemne, sur la presqu'ile de Mandji, au port de commerce de la capitale économique et pétrolifère du Gabon.


Un gros village ou l'impression de deux communautés vivant côte à côte est assez flagrante, mais ce n'est peut être qu'une impression.
Deux nuits au programme, juste le temps d'essayer de respirer comme un Portgentil'homme, ...gentillais, (j'ai pas pu m’empêcher).
Mais .....


Le lendemain de notre arrivée grève dans les raffineries !

A priori rien à voir avec le décès du milliard....  du PDG de Total, pourtant très présent ici.

 

 

Plus une pinte d'essence, enfin si, mais la distribution se fait au compte goutte. La pirogue devant nous piroguer à Omboué, quelques heures plus au sud, dans le fameux Fernan Vaz, ne fonctionne pas au jus de papaye, c'est bien dommage.
L’hôtel sur site fait jouer ses relations pour dégoter quelques bidons du précieux et inflammable liquide. Rien à faire, trop peu pour l'aller retour, on choisit de ne pas prendre le risque de rester carafé si loin.....ou si proche.


Nous voila contraint de déposer les armes, impuissants que nous sommes devant les évènements.




Le planning s'en trouve donc allégé, du moins étalé, ce qui nous laisse maintenant le loisir de respirer, dormir, manger, boire et soupirer comme un autochtone.

Quelques belles plages,
Quelques bonnes adresses,

Et toujours cette désagréable impression de communautés aux échanges limités a d'indispensables courtoisies !





samedi 25 octobre 2014

Ibrahim est parti.

Dimanche 12 octobre, j'accompagne Ibrahim à l'aéroport Léon M'ba de Libreville.
Dix ans qu'il a quitté famille et amis pour venir ici, faire fortune, tenter l'aventure dans l'eldorado d'Afrique centrale. Le fantasme de bon nombre de ouest-africains et autres espèces autochtones de la sous région.

Arrivé, traité guère mieux que l'ombre d'un chien par les différentes administrations locales, arnaqué, escroqué et abusé de par son statut d'étranger illettré.
Ibrahim ne sait pas lire, ni même écrire d'ailleurs.
Dans son village, situé à quelques encablures de Ouagadougou, au pays des hommes intègres (le Burkina Faso), la lecture n'est pas une occupation quotidienne. Mais Ibrahim ne "s'occupe" pas, chez lui, et même ici dans le quartier (à elbev) c'est un sage, un juste, les autres viennent le visiter et quand il parle à ses "frères" il est entendu, considéré.
Ibrahim sait ce qu'il fait, sait ce qu'il dit, toujours calme, posé, jamais un mot plus haut que l'autre, réfléchit.

Il est parti, emportant avec lui juste une valise, acheté pour l'occasion, un bidon de vingt litres de peinture (vide de son initial contenu) et une sacoche "bagage à main" pas moins rutilante.
A l'intérieur, dix ans de sa vie, son monde matériel, des objets accumulés au fil des jours, tout ce qui a fait son quotidien dans un quart de mètre cube.
Une vielle cocotte minute en aluminium (logé au millimètre dans le fameux bidon), un poste radio en plastique beige, une lampe torche à la vitre fêlée, des piles, des rallonges électriques, quelques jouets usagés pour ses enfants, un sweat shirt élimé, des bouts de papiers et de vêtements.
Tristement dérisoire....


Ses frères l'accompagnent aussi à l'embarquement.

Les billets sont chers, alors les voyages sont compliqués. Pour se rendre à son village, Ibrahim va passer par Cotonou (au Bénin), puis un "taxi" collectif le conduira à Lomé (au Togo) d’où un bus, après un périple d'une vingtaine d'heures, le déposera à Ouagadougou et de là, un taxi brousse le rendra à sa famille.

Quelques dernières épreuves procédurières sur le sol gabonais, des documents erronés, des vaccins pas à jours et quelques dizaines de milliers de francs CFA plus tard tout est réglé. 
Mais il n'est pas encore sur qu'à l’atterrissage la police le laisse entrer sur le territoire, une erreur sur la ville de transit dans son laisser passer, qu'il a payé une petite fortune, jette le doute.
Tout dépendra du bon vouloir des douaniers là bas, Ibrahim n'est pas inquiet, il me rassure me disant qu'il va prier dans l'avion et que ça va marcher.
Ça a marché. 


Allahu akbar !

Il est bien arrivé, ses frères sont venus m'en informer. 
                                                    J'imagine la fête que cela a été.
Une parenthèse se ferme, 
.......de dix ans pour lui, de deux pour nous. 














samedi 18 octobre 2014

On est ensemble,




Paroles fraternelles et conviviales, généreusement prodigués à l'occasion de services rendus, de retrouvailles ou de séparation entre amis et/ou famille.

La famille ayant ici, un sens assez ...ample.... voire relatiférent de celui entendu dans nos lointaines contrées colonialistes.



[ Relatiférent : contraction assez esthétique à l'oreille autant qu'évidente à entendre de relativement et de différent. Ce qui au final n'est pas si relatiférent de la réalité ouïe.]


Derrière St Marie
Le cercle familial limité en occident le plus souvent à 2 ou 3 générations s'entend (s'étend) ici à des dimensions dont l'ordre de grandeur s'approche de l'année lumière. Le clan, la tribu, le village  entier. 
Générant ainsi une solidarité souvent réelle, parfois exclusivement financière, sociale ou paternaliste. 
Les liens s'en trouvent moins exclusifs mais en nombre bien plus important.


En découle une aliénation équatoriale (ça fait peur) quasi indestructible ou au prix élevé de rupture de tous contacts avec la dite suscité et donc privation, en conséquence, de cette même solidarité.

Un match de grognards !




           Et sinon ?
           Jusqu'ici tout va bien,
           jusqu'ici tout va bien,
           .......
           On est ensemble !