6h20,
il fait encore nuit, le muezzin a déjà terminé son deuxième
appel à la prière, je quitte la maison encore somnolente, les rues
sont désertes, mal éclairés. Je rejoins la route principale en
évitant au mieux que possible les tas de gravas et zones trop ensablés,
les ménagères n'ont pas commencés leur services, les rues ne sont
pas balayés. Je remonte vers le terminal, croise quelques ombres
endormis et espère l'express. J'attends, la rigueur horaire est une
notion très abstraite ici.
D'autres
silhouettes me rejoignent, le bus arrive et se remplit.
La rade de Gorée |
6h30,
le départ, en quelques hectomètres le wagon se bonde (au sens
africain du terme), une armée de fantômes, qui, comme moi, s’apprête à rejoindre le centre de Dakar. Quarante cinq minutes de
trajet, où l'on commence par se perdre dans les dédales de Ouakam.
La vie s'allume doucement, à la mesure de notre progression, quelques échoppes alimentaires, quelques
brulots pour se réchauffer, les zombies prennent petit à petit,
forme humaine.
6h50
on retrouve une des principales avenues qui traverse la citée,
quartiers Mermoz, Gueule Tapée, Médina. Des jolis noms aux
saveurs d'aventure exotique et des histoires socialement très différentes.
Idem mais en face |
7h15
le plateau, la journée n'est encore qu'une lueur au bord de
l'horizon, juste derrière Gorée. Le centre est inhabituellement
calme, quelques charrettes, quelques brouettes viennent alimenter les
marchés, les taxis jaune et noirs débutent leur laborieux travail de
saturation des voies. Le bus commence à peine à déverser son trop
plein, ici et là, puis arrive enfin mon tour, je m'extrait de la boite et termine mon
trajet à pieds. Je prends un café en terrasse, face à la
cathédrale, l'animation monte graduellement avec le jour. Les
collégiens et lycéens finissent leurs petits déjeuner achetés
dans la rue pendant que d'autres plient consciencieusement les
cartons dans lesquels ils ont passés la nuit.
7h30,
je règle l'addition, mille francs, le soleil se lève, c'est
l'heure.
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